Duitse evacués in Vught 1944/1945


l'Avenir 2014

 

De Belgische krant l'Avenir publiceert op 23 december 2014 twee artikelen van Yves Hurard over de bombardementen van 1944.

 

Malmedy s’effondre sous les bombes américaines


Trois jours durant, la ville de Malmedy, qui héberge pourtant des unités américaines, subit les bombardements d’avions de l’US Air Force


La ville de Malmedy est aux mains des troupes américaines, qui tirent quotidiennement, toutes les trois minutes dès 6 heures du matin depuis Bernister sur les positions de la ligne Siegfried. Les premiers obus allemands tombent cependant sur la ville dès le 16 décembre. En vain. Et l’attaque surprise du 21 décembre par les sbires SS du sinistre Otto Skorzeny n’y changera rien.

Malmedy se sent donc bien à l’abri sous la protection des troupes américaines. Mais hélas, en cette funeste journéedu 23 décembre 1944, la météo tourne enfin à l’avantage de l’aviation, trop longtemps clouée au sol par un temps exécrable sans visibilité. Il est temps pour les appareils alliés de décoller enfin et de se déchaîner sur les cibles prescrites en territoire allemand.

Un premier bombardement
C’est alors que l’indescriptible se produit. Il est 15h26 quand une formation de bombardiers B26 de type Marauder, naviguant à 3 500 m d’altitude, qui a décollé de Beauvais, en France, s’apprête à cracher sur le centre historique de la ville ses projectiles dévastateurs. Au sol, les Malmédiens qui acclament les aviateurs en partance sur l’Allemagne n’ont quasi pas le temps de réagir. La cargaison dégringole à l’insu de tous. C’est l’apocalypse. En plein cœur de la ville, des maisons s’écroulent comme des châteaux de cartes. Au total, 86 bombes de 250 livres dévastent ainsi dans un souffle ardent tout le périmètre compris entre la place de Rome, la place Albert 1er et Chemin Rue.

Partout, des conduites de gaz éventrées crachent de gigantesques flammes. Sans tarder, l’incendie se propage de maison en maison. C’est la pagaille qui s’installe. Les bulldozers et autopompes entrent en action dans le brasier, mais le travail surhumain des courageux sapeurs du génie du colonel Pergrin ne pourra que malaisément panser les plaies les plus urgentes à neutraliser. Ils utilisent même de la dynamite pour créer des coupe-feux entre les immeubles en flammes.

Colère et incompréhension
Pour les habitants comme pour les GI du 120e régiment d’infanterie, c’est la colère. De son PC à l’hôtel de ville, le colonel Howard Greer avertit le général Hodges de cette tragique méprise. Aussitôt, pour éviter toute future méprise, des banderoles de couleur orange sont étendues aux abords de la ville et sur les toits des principaux édifices importants, afin d’identifier une ville entièrement aux mains des Américains. L’initiative sera pourtant, et on ne sait pourquoi, totalement inopérante.

Un Noël de feu et de sang
En effet, dès le lendemain, alors que la ville panse malaisément ses plaies, le lieutenant Francis W. Towers, arrivant de Francorchamps, assiste au survol de Malmedy par une formation de dix-huit quadrimoteurs Liberator, dont les bombes écrasent cette fois la rue Cavens, l’hospice Sainte Hélène et la salle Nicolet. Les lignes téléphoniques sont coupées, et la nouvelle de cette affreuse bavure répétitive ne parvient plus cette fois au quartier général de la division.

La nuit de Noël sera longue et pénible pour une population désormais privée de tout, assistant impuissante au carnage et à ses dramatiques conséquences. Mais cette escadrille, dont on dit qu’elle visait en particulier les villes de Bitburg et Cochem, n’est hélas pas la dernière à sévir à Malmedy.  En ce jour de Noël, le 25 décembre, une nouvelle formation de 36 bombardiers lourds Marauder se dirige vers Saint-Vith. Et la même erreur d’appréciation se reproduit, avec 64 bombes de 250 livres qui dégringolent cette fois sur le pont de Warche, la rue des Arsiliers et la rue Abbé Peters.

Plus de 200 morts
Au total, le cauchemar malmédien va se prolonger durant trois jours, en se soldant par un bilan très lourd en vies humaines. On déplore en effet 202 morts parmi la population civile, dont 73 victimes venues des communes voisines avec l’espoir de trouver à Malmedy la paix et la sécurité. Mais au décompte, le bilan des dévastations successives n’est pas moins lourd, puisque la moitié de la ville est en ruine. 800 des 1 600 maisons que l’on dénombre alors à Malmedy sont totalement détruites ou carrément inhabitables. Qui expliquera l’inexplicable?

Bron: l'Avemir 23-12-2014

 

Le témoignage d’Élisabeth Kreutz


Foto: Elle fait partie des rescapées de ces bombardements. Élisabeth Kreutz se souvient de ces terribles journées. Elle avait dix ans à l’époque.


« On se doutait du retour des Allemands qui canardaient pour de bon dès le 17 décembre. On voyait des mouvements de tanks et de camions en tous sens. Mon papa, en congé, déserteur de l’armée allemande, s’était caché dans une meule de foin avec d’autres. Ils étaient nourris par des fermiers au crépuscule. Il s’est ensuite enfui à vélo vers Liège. Pendant ce temps, maman et moi restions dans notre logement du n° 12 de la rue de la Gare. En face, un tank était braqué sur notre appartement. Nous sommes descendues nous réfugier chez Antoine Kinon, dans des caves voûtées. Entre le 17 et le 23, un brouillard épais régnait partout. Avec le retour du ciel bleu, le 23, nous sommes sorties prendre l’air. Quelqu’un a crié “ vite à la cave ”. Puis une bombe est tombée juste à côté de la maison. L’entrée était bouchée par des plâtras et des torchis. On a déblayé. Dans le corridor, on a vu le désastre. En face, rue La Vaux, ma grand-mère de 90 ans et de ma tante de 60 ans se sont retrouvées sous les décombres de leur maison » explique Élisabeth.

Les Malmédiens tentent alors de se réfugier dans les cavités de la roche.

«Les Américains nous ont chassés en disant que les Allemands allaient revenir. On est alors monté sur Bellevaux d’où on voyait Malmedy qui flambait. À mi-chemin, M. Paul Dewalque a crié en wallon “ Qui va là? ”. On s’annonce. Il nous a hébergées. On logeait à tour de rôle sur le charbon et le bois. Puis un obus est tombé. On est descendu route de Floriheid en présence de soldats allemands habillés de blanc. Il y avait 40 cm de neige. Nous sommes arrivées à la Croix Rouge, rue Devant les Religieuses. La directrice Mme Eppe, nous a demandé de sortir. Elle nous a mis à la rue, emplie de neige sur les ruines fumantes. Nous sommes alors allées à l’hôpital, où le couloir était rempli. On nous a trouvé trois chaises dans la cave où nous sommes restées jusqu’au 25 février sans enlever nos souliers. On s’allongeait à tour de rôle sur un matelas », termine la rescapée.

Bron: l'Avenir 23-12-2014